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Mémorial grande guerre pour la Bretagne

L'entrée dans la guerre

Photo 1911 famille REDON

Une opinion non préparée

La période qui sépare l'attentat de Sarajevo du 28 juin 1914 de l'ultimatum de l'Autriche-Hongrie du 23 juillet tombe dans les campagnes à l'époque des moissons, et les évènements n'intéressent que peu de monde, y compris en ville. Après cette date, un basculement s'opère dans l'opinion. Le journal L'Ouest-Éclair titre le 26 juillet sur « L'Europe menacée d'une conflagration générale », et le 27 La Dépêche de Brest et de l'Ouest sur « La paix en danger ».

Les milieux politiques commencent à réagir le 28 juillet, et le maire de Brest Hippolyte Masson réunit entre 3 000 et 5 000 personnes lors d'un meeting pour ne pas « envoyer à la boucherie » des hommes1. Le lendemain se tient un meeting du même type à Lorient, et le surlendemain à Saint-Nazaire. Le 30 juillet, une manifestation composée de syndicalistes et d'antimilitaristes est interdite par le préfet et dispersée par la police. L'assassinat de Jean Jaurès à Paris le 31 juillet marque un basculement vers la guerre.

Vers l'union sacrée

Après avoir envisagé l'utilisation du Carnet B pour arrêter préventivement des pacifistes et des antimilitaristes, le gouvernement fait le choix de ne pas y avoir recours, ni les socialistes ni les syndicalistes n'appelant à une grève générale. Le préfet du Finistère limite ses ordres du 1er août à une « surveillance attentive mais discrète (...) des syndicats et des cégétistes », alors que sont placardées les affiches annonçant la mobilisation générale. Dans les campagnes, la nouvelle surprend les paysans, convoqués dans les bourgs par l'appel du tocsin. Des manifestations patriotiques ont lieu à Moncontour, à Châtelaudren, ou encore à Paimpol où l'on défile avec le drapeau tricolore au son de La Marseillaise. À l'échelle de la région, la nouvelle est accueillie sans réelle hostilité ni enthousiasme, et c'est un « patriotisme défensif », plus tourné vers la défense de la patrie que vers une revanche, qui s'exprime lors du départ des mobilisés le 3 août.

Divisée politiquement depuis le vote de la loi de séparation des Églises et de l'État, la société bretonne met de côté ses différends face à ce qui est perçu comme une agression injustifiée. Les socialistes et cégétistes bretons participent aux cérémonies patriotiques organisées lors de la Toussaint 1914, justifiant leurs participations pour contrer l'« agression de l'impérialisme allemand » et la monarchie prussienne, et pour la tradition républicaine et « le droit et la civilisation » et en multipliant les références à la révolution de 1789. Les milieux cléricaux participent aussi à cette union nationale, pour des motifs différents : l'évêque de Quimper indique le 15 août dans un journal que « La France a répudié son alliance séculière avec le Christ. L'alliance rompue par l’État peut être renouée par le peuple ». Des prêtres sont aussi mobilisés comme brancardiers, infirmiers, ou aumôniers : dans le diocèse de Saint-Brieuc, 500 prêtres sur les 1 000 que compte le diocèse partent par ce biais, et ils sont 625 à Vannes, 600 à Rennes, et 534 à Quimper.

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